En ce samedi 1er juin, où une belle pluie irrégulière a lavé voitures et piétons, les embouteillages ne faiblissent toujours pas en cette fin d’après-midi/début de soirée. Avec ces feux arrière qui rougissent continuellement. À croire qu’il n’y a pas de match de football, de finale de la Champions League dans quelques d’heures seulement.
Dans des groupes WhatsApp, où les programmes pour voyager tombent plus vite à l’eau qu’un iPhone avec des AirPods plutôt que de bons vieux écouteurs filaires, on se demande : « Sinon, on regarde le match où ? » Pour analyser/commenter/regarder Borussia Dortmund/Real Madrid.
D’autres ont préféré s’agglutiner autour d’écran géant de maquis, qui exceptionnellement ont stoppé la musique, pour qu’on entende les commentaires de Borussia Dortmund/Real Madrid. Au final, ce sont seulement quelques groupes aperçus çà et là.
À croire que l’affiche n’était pas assez attirant, même avec la possibilité pour Sébastien Haller, en cas de victoire de clore les débats autour du Ballon d’Or africain.
À croire que tout le monde savait que le Real l’emporterait 2 à 0 grâce à des buts de Dani Carvajal – bien servi par le désormais ex-madrilène Toni Kroos – et surtout Vinícius Júnior ; grand favori au Ballon d’Or 2024.
Deux jours plus tard, les festivités pour la célébration de la 15ème Champions League remportée par le Real Madrid, la 7ème en 10 ans, un communiqué sobre mais terriblement efficace, loin de tout le tintouin de certains clubs qui préfèrent confier la tâche à une agence de communication qui va équilibrer ses comptes grâce à cela, tombe : « Le Real Madrid signe Kylian Mbappé pour une durée de cinq ans. » Simple, précis, concis.
Tout le contraire d’une histoire où il y a eu plus de rebondissements que Game of Thrones. Retour sur les péripéties, le jour où Kylian Mbappé Hala à Madrid.
KYLIAN MBAPPÉ RÉALISE UN RÊVE DE GOSSE
Dans la boîte à souvenirs, parfumée à la naphtaline, du vingtenaire francilien, figure plusieurs traces de son déjà glorieux passé. De sa première titularisation en Champions League face à Manchester City, où il est devenu le 2ème plus jeune buteur tricolore dans la compétition européenne reine selon Opta, à son but en finale de la Coupe du Monde, en passant par son triplé au Camp Nou, le bondynois a déjà une sacrée collection. Mais l’un des faits les plus marquants, c’est son histoire d’amour avec le Real symbolisée par ces murs tapissés de posters de Cristiano Ronaldo et de rêves d’enfant, celle d’un enfant, qui les mains sur les joues rêve éveillé.
Kylian Mbappé, qui y a même fait un essai plus jeune, où il aurait donc pu poursuivre sa formation sans le choix parental de le mettre à Monaco plutôt, a réalisé son rêve de gosse.
« […] C’est un immense plaisir, a-t-il expliqué hier en conférence de presse, un rêve qui se réalise, beaucoup d’émotions. Je suis très content, libéré, soulagé et extrêmement fier de pouvoir arriver dans ce club où j’ai toujours rêvé. Un grand merci. C’est sûr que j’ai beaucoup d’excitation à l’idée d’arriver dans ce grand club, dans le meilleur du monde. J’arrive là-bas, avec beaucoup d’humilité, préférant continuer son laïus plutôt que de répondre au journaliste qui a levé la main. Je voudrais remercier toutes les personnes qui m’ont envoyé pas mal de messages, toutes les personnes qui m’ont soutenu. J’ai pas pu tout voir mais le cœur y était. Un grand merci à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin dans cette opération qui était plus que complexe, petit sourire en coin. Voilà, je remercie toutes les personnes du Real Madrid qui ont travaillé [sur ce transfert, NDLR], spécialement le président Florentino Pérez qui a toujours confiance en moi depuis le premier jour. […] »
Et le moins qu’on puisse dire c’est que Florentino Pérez est peut-être le seul dans cette histoire rocambolesque à avoir cru à un dénouement heureux ( ?). Trois ans en arrière, puis deux ans en arrière, cela semblait Mission Impossible.
KYLIAN ET LE REAL : À LEURS ACTES MANQUÉS
[Cette partie est sponsorisée par Jean-Jacques Goldman ou presque.]
Le premier acte manqué, c’est le mercato 2021. Hué par un Parc des Princes, pourtant pourri gâté avec la fraîche arrivée inattendue d’un certain Lionel Messi, Kylian Mbappé, « au centre de notre projet » selon le président du club parisien Nasser Al-Khelaïfi, voit plusieurs propositions madrilènes arrivées : d’abord 160 millions d’euros puis 180 millions selon Eurosport. À un an de la fin de son premier contrat, l’occasion est belle mais compte tenu du timing – certainement – et de la volonté de l’associer à Messi et Neymar, le Paris Saint-Germain oppose une fin de non-recevoir.
Le second acte manqué, c’est le 21 mai 2022. Après avoir pêle-mêle : expliqué qu’il « voulait que le club ait une indemnité de transfert pour avoir un remplaçant de qualité », été ovationné par des supporters madrilènes après la défaite (3-1), en 8ème de finale retour de la Champions League, ou encore demandé « plus de responsabilités », le souffleur de chaud et froid – parisien de corps et d’esprit – signe un contrat avec…le Paris Saint-Germain. Présentation en grandes pompes, maillot floqué 2025, avec en prime un Nasser tout sourire, on se dit que le train ne repassera pas.
Pour la petite histoire, c’était déjà face à Metz contre lequel il n’a disputé son dernier match en Ligue 1 puisqu’il braquait ses yeux sur une jeune inconnue depuis devenu célèbre.
Aujourd’hui, de Vinícius Júnior qui a teasé son arrivée à Rodrygo qui devrait pourtant goûter plus souvent au banc, en passant par Aurélien Tchouaméni, l’un des trois français du Real Madrid, Ils célèbrent son arrivée.
ET MAINTENANT, C’EST QUOI LA SUITE DU PROJET MBAPPÉ ?
En voyant tous les joueurs blessés (Alaba, Courtois, Militão, etc.) avec lesquels le Real Madrid a du faire sans pour remporter la Liga et surtout la Champions League, on se demande naturellement : « À quoi ça sert le vieux ? À quoi ça sert de le recruter ? »
En observant comment Carlo Ancelotti a organisé son équipe le plus souvent en 4 – 3 – 1 – 2 sans avoir remplacé Karim Benzema, on se demande naturellement : « À quoi ça sert le vieux ? À quoi ça sert de le recruter ? »
SEPT UN ATOUT EN PLUS
L’arrivée de Kylian Mbappé, que Luis Enrique et Luis Campos, respectivement entraîneur et directeur sportif, ont " sauvé ", s’inscrit autant sur le terrain sportif que communication/marketing.
La possibilité d’aligner deux joueurs au profil identique, préférant notamment partir de l’aile gauche pour provoquer ou encore pénétrer dans la surface, est un problème de riches. Beaucoup pensent que l’ancien monégasque n’occupe que le flanc gauche mais c’est oublier qu’il a évolué longtemps à droite d’un Radamel Falcao ou milieu offensif/ailier lors de la Coupe du Monde 2018 face au faible rendement d’Ousmane Dembélé.
De plus, il s’agit d’un autre attaquant que Vinícius capable de marquer des buts.
Pour rappel, le Français a inscrit 44 buts et délivré 10 passes décisives en 48 matchs, selon Foot Mercato, tandis que le Brésilien, lui, a inscrit 21 buts et délivré 9 passes décisives en 37 matchs. Une association qui fait saliver autant que sa présentation.
REMPLIR CAISSES ET ÉCRANS
Sous contrat jusqu’au 30 juin 2024, Kylian Mbappé – qui dispute l’Euro 2024 – ne peut être présenté avant. Ce qui laisse le temps à son nouveau club de faire les choses en grand. Dans les couloirs de certaines rédactions, il se dit que ça sera une présentation en mondovision, Ronaldo-esque comme celle de Cristiano en 2009.
Avec le même numéro 9 floqué dans le dos et une foule des grands rendez-vous. Le Portugais s’est d’ailleurs fendu d’un commentaire sous le post Instagram de son plus gros fan : « C’est à mon tour de te regarder. Hâte de te voir illuminer le Santiago Bernabeu…Hala Madrid ! »
Ce sont les boutiques, les sponsors qui frottent déjà les mains avec l’arrivée du phénomène français – au salaire estimé à 15 millions d’euros par an, après une prime à la signature de 100 millions - avant ses premiers pas. Ceux que certains verront après avoir demandé dans le groupe WhatsApp : « Sinon, on regarde le match où ? »