« Hey, Drake », lance en plein Halftime Show du Super Bowl Kendrick Lamar. Avec ce petit sourire en coin.
En direct et en live, des millions de téléspectateurs, qu’ils soient fans inconditionnels de football américain ou nouveaux apprenants, des règles, assistent ainsi à la crucifixion d’Aubrey Graham plus connu sous le nom de Drake.
Not Like Us ou le clou d’un spectacle de haut vol, entre maîtrise de la scénographie et guest list de qualité.
Depuis le (8 – 2) infligé par le Bayern de Robert Lewandowski au Barça d’un certain Lionel Messi, on n’avait plus vu pareille humiliation en mondovision. Souviens-toi.

DE L’ENTENTE CORDIALE AU SUPER BOWL : VOYAGE EN BUSINESS CLASS D’UN BEEF

C’est qu’on oublierait presque que Jalen Hurts et les Philadelphia Eagles ont écrasé Patrick Mahomes – méconnaissable de chez méconnaissable – et les Kansas City Chiefs ; empêchant ces derniers d’accomplir un three peat. Trois titres de champion d’affilée.

Pour rappel, la dernière équipe à l'avoir fait : ce sont les Los Angeles Lakers (2000, 2001, 2002) qui y a une semaine à peine extirpaient Luka Dončić de l’univers impitoyable de Dallas.
C’est qu’on perdrait de vue comment tout cela a commencé après le Halftime Show, où Kendrick Lamar Duckworth, K Dot, a porté un dernier coup au corps de son meilleur ennemi ; et ses spasmes cadavériques qui composent une mélodie de la mort.
IL ÉTAIT UNE FOIS UN CLASH : VERSION FAST FORWARD
« Comportement de vieux père » oblige, Drizzy invite K Dot sur Take Care, album qui fleure bon le goumin, la peine de cœur Pro Max, les volutes de fumée de cigare, qui s’agrippent aux vêtements.
Nous sommes en 2011. Jusqu’ici tout va bien, l’Éternel les a secourus.
Fast forward, les premières balles auraient été tirées par Kendrick Lamar dans Control. Nous sommes en 2013.
ASAP Rocky, J. Cole, mais aussi Meek Mill ou même le vieux père Pusha T, etc. Le natif de Compton allume tous ceux qui bougent (dans) le Rap !
Quelques escarmouches par-ci, d’autres attaques sporadiques par-là, plus rien ou presque jusqu’à un déchaînement de clashs.
NO BIG THREE
Octobre 2023, Drake & J. Cole pondent First Person Shooter dans lequel le lyriciste rasta certifie l’existence d’un Big Three, façon NBA et Lebron à Miami.

Théorie que Kung-fu Kenny incendie dans Like That. Nous sommes le 22 mars 2024. Une (nouvelle) étape significative a été franchie. Plus rien ne sera plus comme avant !
The Man from Toronto balance Push Ups, probablement après avoir vu que le détenteur d’un Prix Pulitzer, pour son album DAMN, en faisait.
Puis poursuivant sur sa lancée, le 6 God ajoute Taylor Made Freestyle, le 24 avril 2024.
Quasiment une semaine plus tard, le 30 avril, le californien sort de sa tanière les bras chargés : Euphoria, et trois jours plus tard, 6 : 16 in LA. Avec un post subliminal pour accompagner le tout.
Drake répond avec Family Matters, peut-être le meilleur de ses titres pendant ce beef. Son camp et lui pensent certainement tenir la victoire.
Et pourtant, Kendrick Lamar peint une photo de famille imparfaite dans Meet the Grahams avant d’asséner le coup de grâce, une diss track dansante et plaisante : Not Like Us.
La cerise sur le gâteau de son Halftime Show.
HALFTIME SHOW DU SUPER BOWL : DERNIER COUP DU MARTEAU
Le (coup du) marteau de Tam Sir, Kendrick Lamar l’a tellement emprunté pour taper sur Drake qu’il a doublement porté plainte.
D’abord, le mauvais perdant accuse Universal Music Group, la maison de disques à laquelle ils appartiennent tous les deux, et Spotify d’utiliser des bots pour doper les streams de Not Like Us. (La chanson atteindra le 1 milliard de streams Spotify en janvier 2025.)
Puis, une autre quérimonie pour des faits de diffamation cette fois-ci mais toujours contre Universal.
« Merci pour la passe décisive ! », a dû se dire l’autre protagoniste.
Sur scène, le showman qui aura 38 ans, le 17 juin prochain, y a fait allusion à cette « plaintinite » ; alliage entre goumin chaud et colère froide.
LA DANSE DE LA VIEILLE MÈRE SERENA
Mais est-ce que ça l’a empêché de superbement performer, de peindre des tableaux sur l’Amérique raciste et xénophobe d’aujourd’hui, qui s’est bâtie entre autres sur le dos des noirs américains, courbés sous les coups de fouet ? Non, absolument pas !

Est-ce que la présence de Donald Trump, premier président américain en fonction a assisté au Super Bowl, l’a freinée ? Non, du tout !

Que dire de l’ouverture de son show par un Samuel L. Jackson déguisé en Uncle Sam ? Que dire encore de Serena Williams, codétentrice du record de titres en Grand Chelem (23) qui crip walk sur la dépouille encore chaude de son ex ? Rien, si ce n’est bravo !
Le plus gros divertissement live depuis la débâcle du Barça face au Bayern !
DÉJÁ-VU : LE SHOW DU BAYERN FACE AU BARÇA
Dans la tête du président Joan Laporta, au moment de mener les négociations avec Hansi Flick, pour que l’Allemand rejoigne le Barça, il y a forcément le naufrage titanesque du 14 août 2020 et ce quart de finale du Final 8. Mode d’urgence activé pour sauver la Champions League, perturbée par la pandémie COVID-19.
Les choses se passent très vite mal pour les Blaugrana.

L’inusable Thomas Müller conclut un une-deux tout en finesse avec le futur barcelonais Robert Lewandowski (0-1, 4ème minute de jeu). Le but contre son camp de David Alaba (1-1, 7ème), futur blessé madrilène, n’est qu’un feu Depay que même le souffle du rappeur et footballeur égocentrique Memphis ne pourrait éteindre.
Ivan Perišić, Serge et Thomas Müller, encore lui, mettent le Bayern à Gnabry en 30 minutes. Mi-temps : 4 – 1 !
Á l’Estádio de la Luz, Lionel Messi est porté disparu, le Barça est aux abonnés absents.
L’enchaînement crochet frappe du gauche du raciste Luis Suarez Rhimes presque avec suspense façon Shonda (2-4, 57ème). Mais le Bayern se moque bien de How To Get Away with Murder.
Les Allemands enfoncent le couteau dans la plaie béante.
David Alaba s’amuse avec Nelson Semedo, futur coéquipier d’Emmanuel Agbadou à Wolverhampton, sert un plateau, Joshua Kimmich pour le 5ème but (63ème).
LE BONHEUR EST DANS LE PRÊT
Robert Lewandowski et surtout Philippe Coutinho, auteur d’un doublé et prêté par le Barça, achèvent le Barça : 8 - 2 !
Même avec le recul, personne n’aurait pu prévoir une telle puissance de la part des futurs vainqueurs de cette Champions League (1-0, face au Paris Saint-Germain).
Alors évidemment, 24 heures à peine après, on peine encore à saisir ce qui s’est déroulé au Super Bowl, et ce : « Hey, Drake ». Une soirée encore plus inoubliable avec le brandissement des drapeaux de la Palestine et du Soudan par un des danseurs.