« Stabilise, et tu rentabilises », s’amusent à répéter en chanson Toto Le Banzou & Arii depuis plusieurs semaines maintenant.
Et c’est dans amusement-là que les deux néo rockeurs, qui ont notamment participé à l’émission Rap Ivoire Nouvelle Génération (RING), surfent depuis sur la vague du succès. Pendant que sur TikTok, chacun y va de son interprétation de son titre, sur Twitter (On va jamais appeler ça X ! Lâche ça Elon ! ), certains, plus malins, détournent l’attention à coups de meme.
Du coup, vu que tout le monde est inspiré, petite interrogation surprise : quel roc défensif pour que le milieu se stabilise ?
LA CATÉGORIE EST VIEUX PÈRE QUI STABILISE
Avant que Toto Le Banzou & Arii ne mettent intelligemment en chanson un délire entre potes, Stabilise, donc il y avait des vieux père qui eux le faisaient sur terrain. Á commencer par Claude Makélélé.

MAKÉLÉLÉ, LE PÈRE FONDATEUR DU MOUVEMENT « STABILISE ET TU RENTABILISES »
Bic pour désigner un stylo, Frigidaire pour en ouvrir un, mais aussi Scotch ou encore Escalator, nombreux sont ces noms de marques lexicalisées.
Mais si dans la vie courante, les exemples sont légion, dans le football, le phénomène est plus rare.
Il y a ceux qui donnent leur nom à un geste technique (La Madjer, la Papinade, le Johan Cruyff turn, etc.) et puis il y a ceux - encore plus inhabituels - dont le nom désigne une position. C’est le cas de M. Claude Makélélé, joueur de poche qui n'avait pas sa langue dans la sienne.
Formé au (beau) jeu à la nantaise, le natif de Kinshasa n’a pas toujours été la référence du monde mondial en termes de sentinelle ; loin devant la petite frappe Sergio Busquets.
Il a d’abord été un joueur à vocation offensive avant de progressivement reculer. D’abord au Celta Vigo, où l’abus de biens offensifs est à l’origine de ce remplacement, avant la consécration au Real Madrid.
Lorsque le milieu de terrain y arrive à l’été 2000, le Real Madrid vient de perdre Fernando Redondo et surtout il n’y a que des Galactiques dans l’équipe. Raúl González Blanco, Luis Figo, Zinedine Zidane avant que Ronaldo, l’unique, le vrai, ne les rejoignent ensuite après sa Coupe du Monde 2002.
Ceux-là, ce sont le genre de personnes qui défendaient encore moins que les 4 fantastiques actuels (hormis Rodrygo).
Forcé de combler les trous, Claude Makélélé brille tactiquement, techniquement et physiquement. Il arrache le ballon dans les pieds des adversaires, le rend propre avant de le transmettre à Zidane.
Dommage que le coup de boule de ce dernier, en finale de la Coupe du Monde 2006, l’ait empêché de remporter le seul gros trophée qui manquait à son palmarès
Malgré tout, le vainqueur de la Champions League 2002 reste un monument vivant.
Taux de stabilisation : 100%.
DIDIER ZOKORA, LE MAESTRO IVOIRIEN
Joueur le plus capé des Éléphants de Côte d’Ivoire avec 123 sélections selon Transfermarkt, et non 153, formé à l’Académie Mimosifcom de l’Asec, Zokora Didier était tellement bon dans sa capacité à gérer le temps et l’espace qu’ils l’ont appelé : Maestro. Sans faire offense à Lassana Diabaté, Jean Michael Séri et d’autres encore, la Séléphanto a rarement eu un milieu défensif aussi fort techniquement et physiquement.

C’est d’autant plus frustrant quand son tour d’Europe (Saint-Etienne, Londres, Séville, Turquie) et celui du monde (Inde, Indonésie) ont à peine servi dans sa quête de trophées.
Pareil pour l’équipe nationale. Son histoire avec elle se termine le 19 juin 2024 et la défaite face à la Colombie de James Rodriguez (2-1). Quelques jours seulement avant que la Côte d’Ivoire ne glisse sur la Grèce.
Taux de stabilisation : 50/50.
FRANCK KESSIÉ, LA PANTHÈRE DES ÉLÉPHANTS
Contrairement à Maestro, Franck Yannick Kessié dit la Panthère de Zébizékou, situé quelque part dans la région de Gagnoa, au centre ouest de la Côte d’Ivoire, a laissé des traces partout où il est passé. Particulièrement au Milan AC (37 buts en 223 matchs) où le roc ivoirien régnait au milieu de terrain aux côtés de l’Algérien Ismaël Bennacer. Sa capacité à transformer des pénaltys, le Calcio l’a appréciée : 23/27 ; soit 85% de réussite selon nos informations.
La réussite, elle fuit au Barça. Arrivé libre de tout contrat, à l’été 2022, avec un titre de champion d’Itali, l’ex-Rossoneri peine à s’imposer dans l’équipe dirigée par Xavi mais c’est lui qui inscrit le but de la victoire lors du Clásico ; celui qui assure le titre aux Blaugrana.
L’aventure tourne court puisque le milieu polyvalent rejoint Al-Ahli et l’Arabie Saoudite à l’été 2023 en même temps que ses coéquipiers Edouard Mendy, Riyad Mahrez ou encore Roberto Firmino, ou même Neymar Jr. Le Brésilien a depuis rejoint Santos.
C’est peut-être le manque de compétitivité qui a fait perdre au numéro 79 d’Al-Ahli une partie de son niveau.
Mais sa mise sur le banc avant une entrée décisive pour inscrire le but égalisateur face au Sénégal lui a servi d'électrochoc et permis de rappeler aux ivoiriens qui il était : la Panthère de Zébizékou.

Taux de stabilisation : 79%.
LA CATÉGORIE EST LIGAMENTS CROISÉS, TU CONNAIS
FERNANDO REDONDO, À UN CHEVEU D’UNE CARRIÈRE INOUBLIABLE
Iker Casillas en 2015, Pepe en 2017, mais aussi Sergio Ramos et Raphaël Varane été 2021, Marcelo l’été suivant, la légende raconte que le Real Madrid laisse partir ses joueurs emblématiques quand ils sont cuits, au bout du rouleau.
Quand vient l’heure de quitter la Maison Blanche avec laquelle il a porté le brassard, remporté deux Champions League (1998, 2000), Fernando Redondo laisse son numéro 6 et tourne la page malgré lui car il en a encore sous le capot. Du moins dans l’esprit des Milanais qui ont insisté pour recruter un superbe milieu défensif, unique en son genre : parfait mélange entre technique Riquelme-esque et puissance physique.

Mais les blessures empêchent le numéro 5 milanais de montrer ses qualités, son sens du rythme qu’il impose aux autres, ses dribbles chaloupés pour se sortir du marquage.
Conscient de son état physique, l’Argentin, privé de Coupe du Monde 1994 pour une raison tirée par les cheveux qu’il devait couper, ira même jusqu’à demander le gel de son salaire (2,5 millions d’euros à l’époque).
Un énième joueur de classe de la part d’un joueur qui en a rarement manqué sur le terrain et dont le nom est inscrit au panthéon des grands footballeurs. Ceux qui ont un geste technique à leur nom.
Taux de stabilisation : 69%.
UN SEUL RODRI VOUS MANQUE ET TOUT CITY EST DÉPEUPLÉ
Rodri Hernandez est l’un des derniers spécimens du genre : ses footballeurs fourrés, dans les bons comme dans les mauvais coups.

Même si ce sont surtout les premiers qui ont lui ont permis de décrocher le Ballon d’Or 2024 au nez et à la barbe de Vinícius.
Mais à quoi reconnaît la place essentielle d’un joueur dans une équipe ? À son absence.
Depuis sa blessure aux ligaments du genou droit et le match nul épique face à Arsenal (2-2), le champion d’Europe manque à Manchester City. Kovačiċ, Bernardo Silva et Nico Gonzalez, recrue hivernale, n’y arrivent pas. Et les Citizens - qui jouent demain contre Liverpool - de ne plus savoir jouer au football.
Taux de stabilisation : ligaments croisés, tu connais.
NO VERRATTI, NO PARTY : ÇA, C'ÉTAIT AVANT
Il n’y a pas si longtemps Marco Verratti était synonyme de fête et pas seulement en dehors des terrains. Au sommet de son art, l’Italien ratissait tout ce qui bouge, dribblait dans sa propre surface de réparation plutôt de que dégager loin devant mais ne frappait que rarement de loin. Un roc impossible à bouger.

Après une chute vertigineuse de ses performances, aujourd’hui, le milieu de terrain de 32 ans est au Qatar où plus personne ou presque ne sait ce qu’il devient. Une fin de carrière partie en fumée, après 11 ans au Paris Saint-Germain.
Taux de stabilisation : 32%.
LA CATÉGORIE EST MADE IN
DECLAN RICE, TOUT UN ARSENAL
Steven Gerrard, ses boulets de canon, Frank Lampard, son sens du but, ou Paul Scholes, son jeu long précis, l’Angleterre a fréquemment été gâté au milieu de terrain en général et chez les box-to-box en particulier.
La tâche est donc lourde pour les Jude Bellingham, Conor Gallagher et surtout Declan Rice.
Le milieu défensif de 26 ans est le symbole de la règle anglaise, celle qui veut qu’un joueur anglais, qui plus est un milieu de terrain, soit systématiquement acheté à prix d’or.

Ainsi, Arsenal aurait lâché quelques 120 millions d’euros pour s’attacher ses services à l’été 2023. Juste après que l’ex-capitaine de West Ham, l’ancien club de Sébastien Haller, ait remporté l’Europa League Conference.
Deux saisons que l’Anglais aux 62 sélections avec les Three Lions évolue tantôt devant la défense, tantôt à milieu central gauche, même s’ils n’ont pas encore remporté la Premier League, il les stabilise. Un titre (Championnat, Champions League, permettrait qu'ils amortissent - en grande partie - le transfert le plus cher de l’histoire pour un joueur anglais. Comme de plus normal au pays du rock. « Stabilise, et tu rentabilises ».
Taux de stabilisation : 62%.