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CAN 2023 : Spécial Côte d'Ivoire

Dernière mise à jour : 7 avr. 2024

« Pour avoir nourriture aussi, c’est comme ticket. », plaisante ce monsieur chauve vêtu d’un maillot Orange ; celui des Éléphants de Côte d’Ivoire en attendant que sa commande soit prise. Il fait partie des élus, « des enfants préférés de Dieu » : ceux qui ont eu la chance de faire partie des 57 094 spectateurs présents au stade Alassane Ouattara avec cette billetterie plus aléatoire que la loterie.

Alors forcément, il sait de quoi il parle. Il fallait y être au « Stado » (contraction de Stade et Alassane Ouattara) ce dimanche 11 février 2024. Ce jour où la Côte d’Ivoire a décroché une nouvelle étoile, après remporté la guerre de trois. Jour de fête.



AVANT QUE LA CÔTE D’IVOIRE NE JOUE, LES NERFS SONT TENDUS

La très mauvaise expérience que certains ont vécue, avec la demi-finale Côte d’Ivoire – République Démocratique du Congo suivie depuis leur véhicule coincé dans des embouteillages monstres & (bonne) Cie, a servi de leçon à d’autres.


Ceux qui ont décidé – comme nous – d’emprunter un car plutôt que de se rendre avec sa voiture. L’homme prudent voit le mal de loin.



Au loin, une fois le trajet express effectué, on aperçoit le stade olympique d’Ebimpé et surtout les premiers spectateurs qui viennent par vagues, par packs de six, huit, etc. Histoire de déverser une marée Orange sur le Nigeria. Orange Is The New Black. 



EAU SECOURS

Premiers arrivés, premiers servis par des jeunes hommes et femmes débordés par les commandes. Très vite, dans les différents points de vente épousant la forme circulaire du stade, il n’y a plus d’eau, ni tous les jus inscrits sur les menus plastifiés. C’est qu’il y en a du monde aujourd’hui au Stado.


Ainsi dans les allées, déambulent des amis qui ne se sont pas vus depuis, tapent la bise lorsqu’ils se rencontrent. Quand ils ne se prennent pas dans les bras.

Et pendant ce temps-là, rares sont ceux qui en ont encore plein le dos des flocages tous plus originaux les uns que les autres. Petit défilé d'une mode.



QUI VA À LA CHASSE PERD SA PLACE

Dans les travées, c’est une tout autre histoire, peu de temps avant que la cérémonie de clôture avec Alpha Blondy qui ouvre le bal des artistes, suivit par Roselyne Layo, Serge Beynaud, Didi B, Tam Sir, on the beat, et la Team Payia, des fans ont la bonne idée de disputer.



Devant nous, dans le bloc 113, un jeune homme aux faux airs de Trevante Rhodes, accompagné de sa compagne, réclame qu’on lui restitue sa place qui est occupée par une autre personne.




Gbagbo, serviette blanche donc autour du cou, le fautif ne cède pas. Les minutes passent, les langues se délient, des tête-à-tête en veux-tu, en voilà sans qu’on sache qui paie le premier date.



Les différentes interventions des volontaires et stadiers, tantôt pacifiques, Océan, tantôt énergiques, n’y changent rien.

Finalement, le détournement d’attention pour poser les yeux sur la cérémonie d’ouverture calme les hostilités dans ces travées-là du moins. Tandis que dans d’autres blocs, des spectateurs sont assis sur les marches, des fans nigérians, ne parlant pas français, comptent sur une âme charitable pour les aider à trouver leurs places prises d’assaut par des personnes qui auraient forcé leur entrée dans le stade selon nos informations en forçant les tourniquets.



Ces nerfs tendus, Victor Osimhen et le Nigéria les ont eus aussi avant de craquer ; eux qui avaient pourtant ouvert le score à la 38ème minute de jeu par leur capitaine Troost-Ekong.

LE NIGERIA MÈNE LA CÔTE D’IVOIRE CONTRE LE COURS DE JEU

LA CÔTE D’IVOIRE REMPORTE SA GUERRE DE TROIS
In Ekong, they Troost. Tous droits réservés

Avant cette fameuse 38ème minute de jeu, d’un match disputé, la Côte d’Ivoire domine. Disposée en 4 – 1 – 4 – 1, la Séléphanto domine les débats physiquement notamment avec pour symbole le duel entre Victor Osimhen et Evan Ndicka ; qui l’a mis dans sa poche.



26ème minute de jeu. Discours, petit palabre, entre les deux joueurs évoluant dans le Calcio. Osimhen semble se plaindre d’un coup de coude qu’il aurait reçu en plein duel aérien tandis que Ndicka lui condamne avec la dernière énergie onusienne ces accusations.


LA CÔTE D’IVOIRE REMPORTE SA GUERRE DE TROIS
" Tu cries sur qui ? " Tous droits réservés

S’inspirant de son joueur vedette, José Peseiro, le coach portugais des Super Eagles, reçoit un carton jaune pour l’ensemble de sa performance.

D’ailleurs, à de multiples reprises, l’homme en veste, jeans et sneakers de ville, bien aidé par son staff, passe le plus clair de son temps à pester contre l’arbitrage et ses joueurs qui sont méconnaissables et nerveux. Et pourtant, la frappe de Seko (13ème minute), le retourné de Gradel (20ème) et enfin le face-à-face de Simon Adingra n’ont pas encore fait céder la défense nigériane dirigée d’une main de fer, ce qu’il veut, par Troost-Ekong.

Sur un corner prolongé, Troost-Ekong, et ses 191 centimètres, prend le dessus sur Serge Aurier qui culmine à 1m74.

Du stade, la différence est encore plus palpable et le résultat forcément implacable. Nigeria 1 – Côte d’Ivoire 0. C’est le même qui avait inscrit le but victorieux lors de la rencontre de poule.

Les « Levez-vous, levez-vous », nouveau chant de supporter débloquer, en pleine finale, ne résonnent plus dans le stade garni. Les cerveaux des plus inquiets carburent à l’unisson.


Des supporters nigérians, eux, font péter le son, appellent leurs amis noyés dans la foule pour s’auto-congratuler.



HALLER-LÀ, LA CÔTE D’IVOIRE EST CHAMPIONNE D’AFRIQUE

Depuis la qualification obtenue via la victoire du Maroc sur la Zambie, un premier signe, puis le coup du marteau sur le Sénégal et ensuite le second miracle ivoirien face au Mali, les Ivoiriens certes savent que leur équipe a les ressources morales mais cela ne les empêche absolument de stresser surtout quand le chronomètre de M. Dahane Bedia file.

La seconde mi-temps démarre comme la seconde avait commencé : la Côte d’Ivoire attaque et le Nigeria défend plutôt bien d’ailleurs puisque Nwabali plonge bien sur la tentative de Max-Alain Gradel. Avant d’aller s’embrouiller inutilement avec Serge Aurier.


LA CÔTE D’IVOIRE REMPORTE SA GUERRE DE TROIS
L'énerver; vous n'Aurier pas du. Tous droits réservés


Les deux joueurs sont avertis. Mais ça ne les empêche pas de continuer à s’invectiver. Troost-Ekong a beau tenter de calmer les nerfs de son gardien, il n’écoute pas tout de suite mais finit par se calmer.


LA CÔTE D’IVOIRE REMPORTE SA GUERRE DE TROIS
Nwabali aura fini par taper poteau. Tous droits réservés

Le calme, c’est Franck Kessié qui le lui apporte à la 63ème minute de jeu.


Dépassement de fonction d’Odilon Kossounou, lui aussi impérial hier soir, qui avance, avance avant de voir sa frappe détournée en corner. Sur l’action qui suit, le corner donc, Simon Adingra, en feu lui aussi, trouve Franck Kessié. La panthère de Zebizekou, village du centre ouest de la Côte d’Ivoire, met encore une fois sa patte sur la rencontre avec une égalisation de la tête, cette fois-ci. Nigeria 1 – Côte d’Ivoire 1.



Franck Kessié court vers les supporters pour célébrer avec sa marque de fabrique, et son salut militaire ; hommage à son père décédé.



Maintenant, José Peseiro a des raisons de s’agiter dans son rectangle vert.


LA CÔTE D’IVOIRE REMPORTE SA GUERRE DE TROIS
Simon Adingra a montré la voix. Tous droits réservés

80ème minute. Simon Adingra dans ses œuvres, à tel point qu'il a été élu homme du match puis meilleur jeune de la compétition, dépose Aina avant de centrer. Sébastien Haller, s’est déjà procuré des occasions pendant le match, sait qu’il ne doit pas manquer celle-ci. Alors, l’avant-centre tressé passe devant Troost-Ekong, lui grille la politesse avant de dévier le ballon d’un geste zlatanesque : une déviation en extension. Nigeria 1 – Côte d’Ivoire 2.


LA CÔTE D’IVOIRE REMPORTE SA GUERRE DE TROIS
Haller-là, c'est Sébastien qui est bon. Tous droits réservés

Ebimpé explose une première puis une seconde fois au bout d’un long temps additionnel, les 7 plus longues minutes de ta vie, l’arbitre siffle la fin de la rencontre. La Côte d’Ivoire remporte ainsi la guerre de trois, face à un Nigeria qui en a trois dans sa vitrine, et décroche ainsi sa troisième étoile.


Certains pleurent, d’autres encore s’agrippent si dangereusement à la rambarde, qu’ils créent une petite frayeur chez les autres. Plus de peur que de mal. L’agité en rouge et noir, façon NST Cophie’s a fini de réciter son alphabet musical. Avant que le DJ du Stado ne prenne le relais : Coup du marteau sur nous, Bab Lee sous les cocotiers aussi, etc.


Ça coupe, ça décale dans les travées qui sont moins encombrées, avec des spectateurs partis avant les célébrations que des politiciens se sont un peu trop accaparé. Personne par contre ne « vole » la célébration des joueurs, des champions d’Afrique ivoirien qui font le tour du stade.


Et pendant ce temps-là, Kader Keïta lui porte en triomphe Emerse Faé.





Si on t’avait dit après la déculottée prise face à la Guinée équatoriale, avec cet Emilio Nsué, récompensé par son titre de meilleur buteur, avec un compteur bloqué à 5 buts, après l’élimination de son équipe nationale, que c’est lui, Emerse Faé, l’homme qui a du arrêter sa carrière à 28 ans pour cause de phlébite, tu aurais : « Tu mens, c’est faux !  »


Si on t’avait dit que la Côte d’Ivoire, défaite, tapie dans l’ombre mais qui a quand même offert son hospitalité à toutes ces équipes, dont la plupart des ressortissants vivent ici, aurait remporté la CAN 2023, tu aurais dit : « Tu mens, c’est faux ! »


Si on t'avait dit que le public ivoirien a scandé le nom de Victor Osimhen après l'avoir chahuté pendant le match, alors qu'il attendait sagement la remise du trophée, tu aurais dit : « Tu mens, c’est faux ! »


LA CÔTE D’IVOIRE REMPORTE SA GUERRE DE TROIS

Tu aurais redit la même chose si quelqu’un d’autre t’avait : « Pour avoir nourriture aussi, c’est comme ticket. »



Dernière mise à jour : 25 janv.

« […] On est déjà mort. On peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] », répond Simon Adingra dans une interview post match accordée à beIN Sports.


Oui, avant ça, avant ces paroles d’évangile selon Saint-Simon, avant son égalisation à la 88ème minute de jeu, puis le but victorieux, au bout du bout de la seconde prolongation de l’autre pépite ivoirienne, Oumar Diakité, il y a eu un cataclysmique départ catastrophique qui aurait dû les enterrer morts-vivants.

Mais c’est sans compter le fait qu’ils possèdent depuis le début de la phase des matchs à élimination directe, et ce coup du marteau sur le Sénégal, le petit manuel de la résurrection. Retour sur ce Mali – Côte d’Ivoire et le second miracle ivoirien.

MALI – CÔTE D’IVOIRE : AU DEBUT DU FILM, LES MALIENS ETAIENT DJAOULI

12h20 GMT, premier klaxon de voiture de supporter – des heures plus tard, ils seront bien entendu, plus nombreux – que tu entends dans ta rue devenue pourtant passage obligé ; pour qui veut échapper aux embouteillages servis sur Deux-Plateaux. Ouais, même chauffeur de gros camion est humble ! À croire que tout le monde ou presque a reçu le mémo.



Depuis lundi, et sa qualification face au Sénégal, la Côte d’Ivoire, espérance terre d’hospitalité, organise une autre CAN dans sa propre CAN : celle de l’humilité.




Le mot d’ordre est étonnamment respecté par miracle. Ce n’est pas le premier miracle ivoirien qui a lieu dans ce pays.

Pour rappel, à partir de son indépendance, le 7 août 1960 donc, le pays alors dirigé par feu Félix Houphouët-Boigny connaît un boom économique avec une croissance qui aurait avoisiné les 7%.

Cette fois-ci, le chiffre 7 n’a été ni synonyme de chance, ni de stabilité. Bien au contraire.


LE CHIFFRE SEPT PORTE MALHEUR
LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

L’horloge du stade de la paix de Bouaké, vers lequel des dizaines de milliers de supporters ivoiriens pour la plupart ont fait la route, affiche seulement huit minutes de jeu quand Odilon Kossounou, pourtant l’un des meilleurs joueurs sur la pelouse de Yamoussoukro, lundi, dévie le ballon de la main sur une frappe malienne.

De longues tergiversations avant que M. Mohamed Adel, qui sera pris à partie en fin de match par des maliens déçus, ne refuse d’accorder un pénalty pour une position de hors-jeu. Odilon Kossounou et la Côte d’Ivoire l’ont échappée bel.

Enfin juste quelques minutes, le temps que le défenseur central aux intéressantes passes progressives, groggy, encore sous le coup de son intervention, perd l’équilibre et déséquilibre le remuant Lassine Sinayoko.


PREMIER MIRACLE IVOIRIEN

Cette fois-ci, M. Mohamed Adel porte aussitôt son sifflet à la bouche pour désigner le point de pénalty.

La Côte d’Ivoire ne pouvait pas on ne peut plus mal commencer. C’est Adama Noss Traoré, milieu de terrain de Hull, qui se présente devant Yahia Fofana. Le portier ivoirien plonge du beau côté et détourne le pénalty. Et le stade d’exulter. Premier miracle ivoirien : allons avec ça.


Mais il était dit que rien ni personne ne leur faciliterait la tâche. À commencer par Odilon Kossounou, again. Loin de toi, l’idée de vouloir l’accabler, mais force est de constater que le jeune défenseur ivoirien, promis à un brillant avenir, a commis énormément d’erreurs. D’ailleurs, il s’est fendu d’un communiqué d’excuses, en noir en blanc, toujours, à la fin de ce match de folie. Il y a certaines choses qui ne changent – hélas – pas.


44ème minute de jeu. Sur un ballon perdu par Jean Michaël Seri, moins impérial que face aux Lions de la Teranga, Odilon Kossounou fait faute sur l’intenable Lassine Sinayoko. Carton rouge.


La Côte d’Ivoire est réduite à dix, subie beaucoup de fautes (Le Mali en aurait fait 21 au total, selon nos informations.) et n’a eu à ce moment-là aucune occasion de jeu. Le tout frais coach des Éléphants, à qui ils ont bien failli préférer Hervé Renard, fait un premier changement intéressant.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sacrifié sur l’autel du collectif, Nicolas Pépé sort ; remplacé par Wilfried Singo.


Mi-temps : Mali 1 – Côte d’Ivoire 0. Tu as l’impression de revivre le match contre la Guinée équatoriale, les buts en moins. Une incroyable forme d’apathie, comme si l’enjeu les paralysait.


LE MIRACLE IVOIRIEN EN MARCHE

Si certains spectateurs en profitent pour se désaltérer, reprendre forces physiques et mentales pour la suite, d’autres spectateurs encore, dans des Space Twitter, sorte d’agoras 2.0, lancent flammes et roquettes pour pulvériser certains joueurs à commencer par Serge Aurier. Coupable selon eux de ne pas être au (haut) niveau de la rencontre.


Peut-être qu’il les a écoutés, peut-être qu’il les a entendus mais Emerse Fae remplace Captain Aurier par Willy Boly et Christian Kouamé, qui semblait sortir de son match à coups de petites embrouilles avec certains maliens, par Sébastien Haller.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Le plan de jeu est alors simple. Constituer un bloc équipe avec un passage à trois derrière et un avant-centre, capable physiquement et tactiquement de garder le ballon. Chose inédite – s’il en fallait une encore : Max-Alain Gradel passe d’ailier gauche à arrière droit.


NENE DORGELES OU LA COTE D’IVOIRE QUI MARQUE CONTRE SON CAMP

Côté malien, Eric Chelle, qui connaîtra un baptême de feu littéralement, conserve les mêmes acteurs qui pour le moment réalisent le coup parfait.


À l’image de Kamory Doumbia qui se promène entre les lignes on dirait l’homme qui cherche nouveau téléphone à Adjamé. L’autre joueur qui s’illustre est Nene Dorgeles.


Rentré quelques minutes auparavant en lieu et place d’Adama Noss Traoré, auteur du pénalty raté, le coéquipier de Karim Konaté à Salzbourg signe son entrée de la plus belle manière.

Exilé sur le flanc gauche, le jeune attaquant de 21 ans fixe Franck Kessié.


À défendre corps et âme, le milieu de terrain ivoirien, désormais capitaine, n'est plus en mesure de défendre correctement avec tous ces duels remportés.



Lancé et donc plus mobile, Nene Dorgeles dribble méchamment le numéro 8 ivoirien, oubliant même de lui proposer un tabouret lorsqu’il tombe à terre. Puis, il poursuit sa course dans l’axe ivoirien déserté, arme sa frappe et décoche un tir qui finit dans la lucarne de Yahia Fofana ; qui l’a accompagné des yeux.


Réduite à dix, la Côte d’Ivoire encaisse le premier but de ce quart de finale entre voisins à la 71ème minute de jeu.

Fou de joie, d’avoir marqué un but peut-être décisif, en quart de finale de la CAN, Nene Dorgeles entame une course folle pour célébrer avant de stopper net.

Sans doute a-t-il écouté la petite voix qui lui a rappelé qu’il était né… à Yopougon.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les mains en l’air, il rebrousse même chemin, entouré par ses coéquipiers ivres de bonheur. Mali 1 – Côte d’Ivoire 0.


UNE SOLUTION DEUX EN UN

Loin d’être totalement abattu, Emerse Faé conserve son organisation mais modifie son animation.

Ainsi Max-Alain Gradel cantonné dans son rôle de vrai faux arrière droit. Et c’est Oumar Diakité qui récupère le couloir.

Et quelques plus tard, à la 85ème minute, Jean Michael Seri sort et c’est Simon Adingra qui entre.


Comme l’entrée de Kessié face au Sénégal, ce double changement s’avère payant.


LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE UN SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les smartphones allumés par des fans mobilisés n’ayant pu allumer l’étincelle, le Mali ayant renforcé son verrou défensif, pensant avoir fait le plus dur, tous les éléments sont ainsi réunis pour que la Côte d’Ivoire commence sa remontada.

90ème minute de jeu. Côté droit, Simon Adingra se lance dans un numéro de soliste, pénètre dans la surface avant de décaler aux abords de la surface Seko Fofana. Il connaît la qualité de sa frappe de balle mais c’est aussi que parfois le milieu de terrain manque le cadre alors mieux vaut suivre. Sait-on jamais sur un malentendu, il peut, il va ramener son équipe à la vie en se jetant sur le ballon ; entre deux défenseurs maliens. C’est gâté dans le stade, dans ce quartier où des cris de joie résonnent derrière les murs recouverts de peinture et de prières. Dieu les a apparemment entendues.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sinon comment est-ce qu’à 10 contre 11, au bout du temps réglementaire, la Côte d’Ivoire soit encore revenue d’entre les morts ? Comment ?

Mais ce n’est pas fini. Le meilleur est pour la fin, littéralement.

Mais avant ça, la position sacrificielle de Sébastien Haller lui permet de s’élever dans les airs au moment opportun, la 95ème minute de jeu. Mais la barre transversale refuse de faire chavirer de bonheur le stade, la Côte d’Ivoire. L'Abidjanaise qui retenti de le stade achève de les rebooster.



Entre alors en scène le wourou wourou, l’agité de service : Oumar Diakité.

Plus brouillon qu’une feuille intercalée au milieu d’une feuille double à grands carreaux, le jeune homme de 21 ans seulement réalise le plus grand exploit de sa jeune carrière.

120ème minute de jeu. Les derniers supporters, dont le souffle n’est pas encore totalement coupé, espèrent que ce coup de pied arrêté soit décisif.

Mal repoussé par l’arrière-garde malienne passée à cinq, le ballon revient sur… Seko Fofana qui ne se pose pas de questions et reprend le ballon. Celui-ci traverse une forêt de jambes avant d’être dévié dans les buts adverses par Oumar Diakité.



Seko Fofana se glisse sur la verte pelouse pour célébrer.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Et pendant ce temps-là, Oumar Diakité, auteur du but libérateur et homme du match, court, poursuivi par ses coéquipiers au premier rang desquels Wilfried Singo. Dans ce moment de folie, le défenseur polyvalent est suffisamment lucide pour tenter d’empêcher le buteur averti au préalable de retirer son maillot et être sanctionné.



Trop tard. Oumar Diakité l’a déjà retiré et sera donc suspendu pour la demi-finale contre le Congo ; mercredi 7 février 2024 à Ebimpé. Mais qui, qui peut honnêtement lui en vouloir ? Personne, surtout pas toi.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Quant aux maliens qui se sont rués vers l’arbitre, ceux qui pleurent sur les réseaux sociaux, criant au vol, ils ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes. Ils ont arrêté de jouer, après avoir ouvert le score… comme contre le Sénégal.



Alors que : « Découragement n’est pas ivoirien ! » Et que Dieu lui le soit… ivoirien.



Un peu moins de 24 heures plus tard, deux cafés dans le sang, une voix à peine retrouvée, tu ignores encore comment la Côte d’Ivoire a réalisé ce second miracle ivoirien. Il n’y a que Simon Adingra qui semble avoir une explication plausible : « […] On est déjà mort. On ne peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] »




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