« Tchê, il pleut ! Je veux plus venir ! », disent souvent ces gens en sucre qui ont peur dès qu’il pleut un peu/beaucoup/intensément sur Abidjan.
Hier, en première partie de soirée, il a plu sur Abidjan et ses environs. N’eut été l’annulation du match Côte d’Ivoire – Mali parce que la pelouse du stade olympique d’Ebimpé, qui a été offert par la Chine, était gorgée d’eau, et donc impraticable, l’information n’aurait pas fait la Une. Retour sur une soirée eau combien mémorable.
LES ÉLÉPHANTS ACCUEILLENT LES AIGLES
La dernière fois que la Côte d’Ivoire et le Mali ont joué l’un contre l’autre, c’était en 2019 et ce 8ème de finale victorieux grâce à un but de l’éternel insatisfait Wilfried Zaha ; récemment transféré à Galatasaray après avoir été annoncé un peu partout y compris au Paris Saint-Germain.
Hier, mardi 12 septembre 2023, pas de Zaha, ni de Nicolas Pépé, lui aussi transféré il y a peu en Turquie. Et cela s’est ressenti dans l’incapacité des ivoiriens à créer du danger, produire du jeu, à défaut d’un beau jeu.
PEU IMPORTE LE STADE, TOUJOURS LES MÊMES PROBLÈMES
Avant même que la pluie ne fasse plus de bruit que le 12ème homme, au premier rang desquels de nombreuses personnalités publiques, instagrameuses et autres stars du web figuraient, la Côte d’Ivoire a peiné à briller. Et pourtant, Gadji Céli, ancien capitaine des Éléphants victorieux de la CAN 1992 et chanteur exilé rentré depuis peu, avait enfilé son plus beau costume bleu clinquant pour donner le coup d’envoi aux côtés de Yaya Touré, Serey Dié et Tiéné « Chico » Siaka.
Mais, les Ivoiriens étaient bleu dedans, ils n’ont rien vu.
Après cette première éclaircie, dans le ciel étoilé d’Anyama, situé à une vingtaine de kilomètres au nord d’Abidjan, il a fallu se contenter de deux actions dangereuses : l’une côté ivoirien et l’autre côté malien.
Bien servi par Hamed Traoré, aligné aux côtés de Franck Kessié et Ibrahim Sangaré, tous les deux aux abonnés absents, Sébastien Haller décide de la jouer fine, en touchant légèrement le ballon qui s’écrase sur le montant malien.
Quelques minutes plus tard, Bissouma, annoncé comme la principale attraction des Aigles du Mali, dépose un petit ballon piqué dans la surface qui finit par être mal exploité. Le tableau affiche une poignée de minutes en cette fin de 1ère période quand la pluie se met à tomber. C’est le début de l’autre match.
PLUIE DE COMMENTAIRES ET DE REPROCHES
Pour une enceinte de 60 000 places qui a coûté la modique somme de 219 millions d’euros puis 30 millions en plus pour cause rénovation, avec cette pelouse mi-artificielle, mi-hybride, le stade olympique d’Ebimpé ne tient pas la route, ou plutôt ne tient pas la pelouse. Oh honte !
Gorgée d’eau, elle est devenue très rapidement impraticable et ce malgré les tests des arbitres qui ont tenté de faire rouler le ballon à plusieurs reprises, dans les surfaces de réparation avant de s’en rendre compte, devant des spectateurs partis depuis et des téléspectateurs ébahis, que cela été Mission Impossible. Même Ethan Hunt aurait été incapable de régler le problème !
Cette verte pelouse, on aurait dit ces caniveaux remplis d’immondices et de pisse qui débordent dès qu’il pleut un peu/beaucoup/intensément en Côte d’Ivoire. Pour rappel, la CAN 2023 devait initialement avoir lieu en juin et juillet 2023, soit en pleine saison des pluies, avant que le bon sens ne finisse par l’emporter. Elle aura finalement lieu du 13 janvier au 11 février prochain.
« Mais d’ici là, il faudra sérieusement se pencher sur cette pelouse, qui avait déjà été critiquée à juste titre par un certain Philippe Doucet : « Tant qu’on fer un objet politique ou de fierté nationale d’un stade ou d’une pelouse, on ne considéra jamais objectivement les choses et on ne travaillera jamais correctement. Tant pis pour vous si vous croyez que Ebimpé est du "bon travail"… », répondant à un internaute zélé.
Dans un pays où la réalisation de gros travaux publics est plébiscitée, encensée, photographiée, rares sont ceux qui ont cru à ce que le journaliste français disait. Mais la VAR est passée par là et depuis ce sont des commentaires le plus souvent teintés d’humour qui pleuvent sur les réseaux sociaux et Twitter en particulier.
LES OISEAUX DE MÊME PLUMAGE VOLENT ENSEMBLE
Pour information, en 2018, le Paris Saint-Germain a remis en état la pelouse de son Parc des Princes. Montant de l’opération : 600 000 euros.
Pour Ebimpé, Ils ont dépensé 30 millions d’euros ; soit 50 fois la somme. CQFD.
Autre élément, toujours à propos de ce stade parisien, Jonathan Calderwood, jardinier du club depuis une bonne demi-dizaine d’années, a recours aux services de trois buses de Harris, pour empêcher les oiseaux de détériorer la pelouse. Ce n’est pas pour rien que le Parc des Princes est considéré comme la meilleure pelouse de Ligue 1.
À croire que l’herbe est parfois plus verte chez le voisin.
À QUEL STADE EST EBIMPÉ ?
Peu importent les sanctions qui seront peut-être prises, si tant est qu’il y en aura, peu importe le suivi d’éventuelles procédures judiciaires même. Le mal est déjà fait. Le stade olympique d’Ebimpé n’est pas prêt à accueillir dans cet état là un match de la CAN 2023 qui démarre dans 122 jours pour être précis. Non, non !
Imagine aussi un seul instant qu’un célèbre opérateur mobile ou une compagnie d’assurances aient donné leur nom, contre une somme sonnante et trébuchante, à ce stade. L’état d’avancement des travaux aurait certainement été mieux suivi.
Face à ce stade de mauvaises réalisations, entassées les unes sur les autres, ce système de drainage défaillant, comment auraient-ils réagi ? Auraient-ils rompu leur contrat sur le champ pour atteinte à l’image de marque ? On ne le saura jamais puisque le naming d’enceintes sportives en Afrique n’est pas à la mode contrairement au Vieux Continent, avec son Allianz Arena à Munich, Emirates Stadium à Londres, etc.
Ebimpé aura cependant réussi deux choses. La première c’est d’être parfaitement à l’image de ces constructions hors normes le plus souvent réalisées sans permis. 80% des immeubles seraient construits sans permis à Abidjan selon Jeune Afrique.
La seconde, moins visible à l’œil nu, mais peut-être plus importante c’est d’avoir fait oublier que les Éléphants, sans idées, sans défense peu rassurante hier, ne sont pas prêts. Et pendant ce temps-là, le Cameroun, lui, s’est qualifié à son tour. La prochaine Coupe d’Afrique des Nations promet animée, beaucoup plus qu’une discussion qui démarre par : « Tchê, il pleut ! Je veux plus venir ! »