« On mange hein ! », dit-on par politesse en Côte d’Ivoire quand vient l’heure de passer à table. La seule et unique réponse valable, retour de politesse oblige, c’est un non poli mais ferme.
Hier dans ce stade Ebimpé, où près de 47 000 âmes étaient présentes, la Côte d’Ivoire a invité le Nigeria à sa table. Ces derniers ayant faim de victoires, après leur match nul contre la Guinée-Équatoriale, vainqueur de la Guinée-Bissau (4-2), ont d’abord poliment refusé avant de profiter des largesses de la défense ivoirienne. Retour sur ce Côte d’Ivoire – Nigeria.
PREMIER CHOC DANS TOUS LES SENS DU TERME
C’est dans leur éternel 4 – 3 – 3 que les coéquipiers de Serge Aurier, titularisé d’emblée, avec le brassard sur l’avant-bras gauche, que les Éléphants de Côte d’Ivoire affrontent le Nigeria de Victor Osimhen. Attention, l'adversaire est anglophone.
Les Super Eagles sont disposés en bloc-équipe qui n’hésite pas à laisser le Ballon d’or africain seul devant comme un grand.
Et c’est ainsi, comme un grand qu’il se procure la première grosse occasion du match à la 7ème minute de jeu ; avec un tir qui passe au-dessus des buts gardés par Yahia Fofana.
Aussitôt, dans la foulée, Christian Kouamé, l’autre nouvel entrant dans le onze de départ concocté par Jean-Louis Gasset, manque de réussir à exploiter une erreur nigériane.
La stratégie du Nigeria est claire, nette et précise : apporter le danger dans le camp adverse, le plus rapidement possible. Pour le style Guardiolesque, faudra repasser.
Côté ivoirien, nul n’est censé ignorer que l’équipe n’a toujours pas de style de jeu. Ni pressing à outrance, ni jeu de possession, rien de tout cela. Cela ne l’empêche de se procurer quelques occasions.
15ème minute de jeu. Sur un long ballon de Seko Fofana, Christian Kouamé remet le ballon dans l’axe mais la reprise du coéquipier de Lukaku, Evan Ndicka est trop écrasée.
Et pendant ce temps-là, son jeune compère de la défense, Ousmane Diomandé, lui, montre que c’est garçon dans son duel d’homme à homme avec Victor Osimhen.
30ème minute de jeu. Seko Fofana, encore lui, tente une frappe lointaine que Nwabali repousse. Christian Kouamé préfère contrôler plutôt que de reprendre directement. Le Nigeria s’en sort bien.
L’ÉTRANGE CAS DE SERGE AURIER
Bien s’en sortir, ça n’a absolument pas été le cas de Serge Aurier.
Dire que l’arrière droit, apparemment pas à 100%, a été malmené par tantôt Chukwueze, tantôt Lookman, est un euphémisme. Pourquoi diable a-t-il été titularisé s’il était déjà incertain avant la rencontre ?
L’autre mystère, c’est le rôle des ailiers. Leur apport a été tellement insignifiant surtout celui de Jérémie Boga. Le niçois qui avait montré des choses intéressantes lors du premier match, avec ses accélérations déclenchant les hourras du public, a été méconnaissable hier. Pas de Boga Bonito.
Mi-temps : Côte d’Ivoire 0 – Nigéria 0.
OSIMHEN LA JOUE COMME INZAGHI
La position sacrificielle que Victor Osimhen a choisie et assumée est à montrer dans les écoles de la vie ; pour les apprentis débrouillards à jamais.
Protection de balle, jeu de corps, mais aussi pressing et encouragement, etc. Tout a été bon sauf cette 50ème minute et la roublardise dont il a fait preuve.
Au duel avec Ousmane Diomandé, le numéro 9 nigérian la joue comme Inzaghi et provoque un pénalty douteux que Troost-Ekong transforme en force.
Le Nigeria ouvre le score. À la fin du match, Didier Drogba fera gentiment part à Victor Osimhen de son ressenti sur l’action litigieuse.
Plutôt que de réagir, la Côte d’Ivoire se révolte avec autant de force qu’un Bounty. Les Révoltés du Bounty sont étonnés.
Et c’est justement ça le problème. Le plus révoltant, c’est que justement, il n’y ait aucune révolte. Aucune. Comme si les Éléphants avaient oublié qu’ils représentaient le pays hôte, le pays de l’hospitalité.
SEKO FOFANA, L’ÉLÉPHANT QUI CACHE LA FORÊT
Les quelques tentatives ivoiriennes sont la plupart du temps envoyées par Seko Fofana. Encore et toujours lui. Seul, il déclenche un pressing sans que personne ne suive le mot d’ordre. L’entrée du dynamiteur Oumar Diakité amène maladresse et baume au cœur des supporters. Surtout sur cette action où son tacle empêche le Nigeria de doubler le score.
Score final : Côte d’Ivoire 0 – Nigéria 1.
Sors, sortons, sortez les calculatrices. La Côte d’Ivoire est 3ème de son groupe et pas encore assurée de passer au second tour. Tout ça parce qu’elle a proposé au Nigéria : « On mange hein ! »
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