« Merci à la Côte d’Ivoire, j’espère qu’ils seront réunis comme nous, on s’est battu tous ensemble. On espère qu’ils feront tous comme ça eux aussi. » Ainsi parla Kolo Habib Touré avant que Didier Drogba ne saisisse le micro et n’en fasse autant sans pourtant stopper la guerre civile ; contrairement à ce que la légende dit. Mais ça, c’est une autre histoire.
Dans ce documentaire de Téléfoot, qui pendant longtemps était fan des Éléphants de Côte d’Ivoire, l’émotion se lit sur le visage Bakary « Baky » Koné, et flotte dans les airs, remplis de l’odeur du devoir accompli et de celle de l’espoir. Celui de réunifier un pays coupé en deux depuis le 19 septembre 2002 et le malheur qui venait juste de frapper la Côte d’Ivoire. Douk Saga, celle-là est pour toi.
Et si la Séléphanto est contente c’est parce que pour la première fois de son histoire, elle a décroché un ticket pour la Coupe du Monde ; qui aura lieu en Allemagne. Retour sur ce 8 octobre 2005. Émotions garanties.
FACE AU SOUDAN, LA CÔTE D’IVOIRE FAIT LE BARA
C’est dans le stade Al-Merrikh, au Soudan, que la Côte d’Ivoire dispute le dernier match de qualifications pour la Coupe du Monde 2006.
Les Ivoiriens n’ont plus leur destin entre les mains ou plutôt entre leurs pieds. En effet, depuis qu’un certain Samuel Eto’o et ses coéquipiers l’ont emporté 3 à 2 à Abidjan, sous les yeux de José Mourinho et Roman Abramovitch, venus encourager leur poulain, les Lions Indomptables sont en route pour l’Allemagne. Alors, face à l’Égypte, on voit mal, très mal comme Ils pourraient perdre. Mais voilà rien se passe comme prévu.
De leur côté, les Ivoiriens l’emportent 3 à 1 avec notamment des buts de Kanga Akalé et un doublé du funambule Aruna Dindane. Ça y est : ils ont fait le bara, le travail.
Du côté du stade Ahmadou Ahidjo, si les Camerounais ont d’abord ouvert la marque par Rodolphe Douala, les Égyptiens ont égalisé par Mohamed Shawky. Puis viennent les derniers instants des derniers instants et une occasion en or pour le Cameroun de briser les derniers espoirs de la Séléphanto.
ET SOUDAN, LA CÔTE D’IVOIRE SE QUALIFIE POUR SA PREMIÈRE COUPE DU MONDE
C’est Pierre Womé qui se présente devant les buts égyptiens gardés par Essam El Hadary. Certes la tâche s’annonce compliquée mais pas impossible pour l’Intériste à la puissante frappe du gauche.
Pas d’Eto’o donc mais plutôt Womé. Ainsi soit-il.
Accrochés à la radio, les Éléphants écoutent, retiennent leur respiration comme un resquilleur qui ne parle pas de peur que son Canalplus se brouille, quand vient le moment.
L’arrière gauche camerounais s’élance, frappe dans le ballon et touche… le poteau. C’est fini.
Le Cameroun cède le passage à la Côte d’Ivoire. Circulez il n’y a rien à voir si ce n’est un Samuel Eto’o en pleurs, inconsolable, devant un stade médusé par ce qui vient de se passer.
Forcément si les Camerounais, dont certains iront jusqu'à saccager la maison de l'auteur du pénalty manqué, éclatent en sanglots, les Ivoiriens eux se réjouissent un peu/beaucoup/bruyamment.
C’EST GÂTÉ À ABIDJAN
C’est une foule immense qui accueille les néoqualifiés, qui à l’image de Didier « Maestro » Zokora ont déjà activé le mode cigare/champagne/caviar. Le bus qui les transporte peine à se frayer un chemin. Et pendant ce temps-là, la foule en délire, qui n’a pas oublié son meilleur chambreur, crie : « Eto’o, il a dormi à 17 heures ! » Tandis que d’autres, encore, ont pris les maquis à coups de Drogba, ces énormes bières nommées après le capitaine des Éléphants, se servent des rasades de blondes. C’est gâté à Abidjan : la Côte d’Ivoire est qualifiée pour la première Coupe du Monde de son histoire. Des frissons, rien que d’écrire cette phrase des années après.
La suite ? Un parcours mention honorable dans une poule de la mort dominée par les Argentins et les Hollandais. La Côte d’Ivoire, elle, termine 3ème de ce groupe C devant la Serbie-Monténégro. Qui l’aurait cru ?
Et pourtant quelques semaines auparavant au terme d’un miracle, un joueur a dit : « Merci à la Côte d’Ivoire, j’espère qu’ils seront réunis comme nous, on s’est battu tous ensemble. On espère qu’ils feront tous comme ça eux aussi. »
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