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LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Dernière mise à jour : 25 janv.

« […] On est déjà mort. On peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] », répond Simon Adingra dans une interview post match accordée à beIN Sports.


Oui, avant ça, avant ces paroles d’évangile selon Saint-Simon, avant son égalisation à la 88ème minute de jeu, puis le but victorieux, au bout du bout de la seconde prolongation de l’autre pépite ivoirienne, Oumar Diakité, il y a eu un cataclysmique départ catastrophique qui aurait dû les enterrer morts-vivants.

Mais c’est sans compter le fait qu’ils possèdent depuis le début de la phase des matchs à élimination directe, et ce coup du marteau sur le Sénégal, le petit manuel de la résurrection. Retour sur ce Mali – Côte d’Ivoire et le second miracle ivoirien.

MALI – CÔTE D’IVOIRE : AU DEBUT DU FILM, LES MALIENS ETAIENT DJAOULI

12h20 GMT, premier klaxon de voiture de supporter – des heures plus tard, ils seront bien entendu, plus nombreux – que tu entends dans ta rue devenue pourtant passage obligé ; pour qui veut échapper aux embouteillages servis sur Deux-Plateaux. Ouais, même chauffeur de gros camion est humble ! À croire que tout le monde ou presque a reçu le mémo.



Depuis lundi, et sa qualification face au Sénégal, la Côte d’Ivoire, espérance terre d’hospitalité, organise une autre CAN dans sa propre CAN : celle de l’humilité.




Le mot d’ordre est étonnamment respecté par miracle. Ce n’est pas le premier miracle ivoirien qui a lieu dans ce pays.

Pour rappel, à partir de son indépendance, le 7 août 1960 donc, le pays alors dirigé par feu Félix Houphouët-Boigny connaît un boom économique avec une croissance qui aurait avoisiné les 7%.

Cette fois-ci, le chiffre 7 n’a été ni synonyme de chance, ni de stabilité. Bien au contraire.


LE CHIFFRE SEPT PORTE MALHEUR
LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

L’horloge du stade de la paix de Bouaké, vers lequel des dizaines de milliers de supporters ivoiriens pour la plupart ont fait la route, affiche seulement huit minutes de jeu quand Odilon Kossounou, pourtant l’un des meilleurs joueurs sur la pelouse de Yamoussoukro, lundi, dévie le ballon de la main sur une frappe malienne.

De longues tergiversations avant que M. Mohamed Adel, qui sera pris à partie en fin de match par des maliens déçus, ne refuse d’accorder un pénalty pour une position de hors-jeu. Odilon Kossounou et la Côte d’Ivoire l’ont échappée bel.

Enfin juste quelques minutes, le temps que le défenseur central aux intéressantes passes progressives, groggy, encore sous le coup de son intervention, perd l’équilibre et déséquilibre le remuant Lassine Sinayoko.


PREMIER MIRACLE IVOIRIEN

Cette fois-ci, M. Mohamed Adel porte aussitôt son sifflet à la bouche pour désigner le point de pénalty.

La Côte d’Ivoire ne pouvait pas on ne peut plus mal commencer. C’est Adama Noss Traoré, milieu de terrain de Hull, qui se présente devant Yahia Fofana. Le portier ivoirien plonge du beau côté et détourne le pénalty. Et le stade d’exulter. Premier miracle ivoirien : allons avec ça.


Mais il était dit que rien ni personne ne leur faciliterait la tâche. À commencer par Odilon Kossounou, again. Loin de toi, l’idée de vouloir l’accabler, mais force est de constater que le jeune défenseur ivoirien, promis à un brillant avenir, a commis énormément d’erreurs. D’ailleurs, il s’est fendu d’un communiqué d’excuses, en noir en blanc, toujours, à la fin de ce match de folie. Il y a certaines choses qui ne changent – hélas – pas.


44ème minute de jeu. Sur un ballon perdu par Jean Michaël Seri, moins impérial que face aux Lions de la Teranga, Odilon Kossounou fait faute sur l’intenable Lassine Sinayoko. Carton rouge.


La Côte d’Ivoire est réduite à dix, subie beaucoup de fautes (Le Mali en aurait fait 21 au total, selon nos informations.) et n’a eu à ce moment-là aucune occasion de jeu. Le tout frais coach des Éléphants, à qui ils ont bien failli préférer Hervé Renard, fait un premier changement intéressant.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sacrifié sur l’autel du collectif, Nicolas Pépé sort ; remplacé par Wilfried Singo.


Mi-temps : Mali 1 – Côte d’Ivoire 0. Tu as l’impression de revivre le match contre la Guinée équatoriale, les buts en moins. Une incroyable forme d’apathie, comme si l’enjeu les paralysait.


LE MIRACLE IVOIRIEN EN MARCHE

Si certains spectateurs en profitent pour se désaltérer, reprendre forces physiques et mentales pour la suite, d’autres spectateurs encore, dans des Space Twitter, sorte d’agoras 2.0, lancent flammes et roquettes pour pulvériser certains joueurs à commencer par Serge Aurier. Coupable selon eux de ne pas être au (haut) niveau de la rencontre.


Peut-être qu’il les a écoutés, peut-être qu’il les a entendus mais Emerse Fae remplace Captain Aurier par Willy Boly et Christian Kouamé, qui semblait sortir de son match à coups de petites embrouilles avec certains maliens, par Sébastien Haller.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Le plan de jeu est alors simple. Constituer un bloc équipe avec un passage à trois derrière et un avant-centre, capable physiquement et tactiquement de garder le ballon. Chose inédite – s’il en fallait une encore : Max-Alain Gradel passe d’ailier gauche à arrière droit.


NENE DORGELES OU LA COTE D’IVOIRE QUI MARQUE CONTRE SON CAMP

Côté malien, Eric Chelle, qui connaîtra un baptême de feu littéralement, conserve les mêmes acteurs qui pour le moment réalisent le coup parfait.


À l’image de Kamory Doumbia qui se promène entre les lignes on dirait l’homme qui cherche nouveau téléphone à Adjamé. L’autre joueur qui s’illustre est Nene Dorgeles.


Rentré quelques minutes auparavant en lieu et place d’Adama Noss Traoré, auteur du pénalty raté, le coéquipier de Karim Konaté à Salzbourg signe son entrée de la plus belle manière.

Exilé sur le flanc gauche, le jeune attaquant de 21 ans fixe Franck Kessié.


À défendre corps et âme, le milieu de terrain ivoirien, désormais capitaine, n'est plus en mesure de défendre correctement avec tous ces duels remportés.



Lancé et donc plus mobile, Nene Dorgeles dribble méchamment le numéro 8 ivoirien, oubliant même de lui proposer un tabouret lorsqu’il tombe à terre. Puis, il poursuit sa course dans l’axe ivoirien déserté, arme sa frappe et décoche un tir qui finit dans la lucarne de Yahia Fofana ; qui l’a accompagné des yeux.


Réduite à dix, la Côte d’Ivoire encaisse le premier but de ce quart de finale entre voisins à la 71ème minute de jeu.

Fou de joie, d’avoir marqué un but peut-être décisif, en quart de finale de la CAN, Nene Dorgeles entame une course folle pour célébrer avant de stopper net.

Sans doute a-t-il écouté la petite voix qui lui a rappelé qu’il était né… à Yopougon.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les mains en l’air, il rebrousse même chemin, entouré par ses coéquipiers ivres de bonheur. Mali 1 – Côte d’Ivoire 0.


UNE SOLUTION DEUX EN UN

Loin d’être totalement abattu, Emerse Faé conserve son organisation mais modifie son animation.

Ainsi Max-Alain Gradel cantonné dans son rôle de vrai faux arrière droit. Et c’est Oumar Diakité qui récupère le couloir.

Et quelques plus tard, à la 85ème minute, Jean Michael Seri sort et c’est Simon Adingra qui entre.


Comme l’entrée de Kessié face au Sénégal, ce double changement s’avère payant.


LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE UN SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Les smartphones allumés par des fans mobilisés n’ayant pu allumer l’étincelle, le Mali ayant renforcé son verrou défensif, pensant avoir fait le plus dur, tous les éléments sont ainsi réunis pour que la Côte d’Ivoire commence sa remontada.

90ème minute de jeu. Côté droit, Simon Adingra se lance dans un numéro de soliste, pénètre dans la surface avant de décaler aux abords de la surface Seko Fofana. Il connaît la qualité de sa frappe de balle mais c’est aussi que parfois le milieu de terrain manque le cadre alors mieux vaut suivre. Sait-on jamais sur un malentendu, il peut, il va ramener son équipe à la vie en se jetant sur le ballon ; entre deux défenseurs maliens. C’est gâté dans le stade, dans ce quartier où des cris de joie résonnent derrière les murs recouverts de peinture et de prières. Dieu les a apparemment entendues.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Sinon comment est-ce qu’à 10 contre 11, au bout du temps réglementaire, la Côte d’Ivoire soit encore revenue d’entre les morts ? Comment ?

Mais ce n’est pas fini. Le meilleur est pour la fin, littéralement.

Mais avant ça, la position sacrificielle de Sébastien Haller lui permet de s’élever dans les airs au moment opportun, la 95ème minute de jeu. Mais la barre transversale refuse de faire chavirer de bonheur le stade, la Côte d’Ivoire. L'Abidjanaise qui retenti de le stade achève de les rebooster.



Entre alors en scène le wourou wourou, l’agité de service : Oumar Diakité.

Plus brouillon qu’une feuille intercalée au milieu d’une feuille double à grands carreaux, le jeune homme de 21 ans seulement réalise le plus grand exploit de sa jeune carrière.

120ème minute de jeu. Les derniers supporters, dont le souffle n’est pas encore totalement coupé, espèrent que ce coup de pied arrêté soit décisif.

Mal repoussé par l’arrière-garde malienne passée à cinq, le ballon revient sur… Seko Fofana qui ne se pose pas de questions et reprend le ballon. Celui-ci traverse une forêt de jambes avant d’être dévié dans les buts adverses par Oumar Diakité.



Seko Fofana se glisse sur la verte pelouse pour célébrer.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Et pendant ce temps-là, Oumar Diakité, auteur du but libérateur et homme du match, court, poursuivi par ses coéquipiers au premier rang desquels Wilfried Singo. Dans ce moment de folie, le défenseur polyvalent est suffisamment lucide pour tenter d’empêcher le buteur averti au préalable de retirer son maillot et être sanctionné.



Trop tard. Oumar Diakité l’a déjà retiré et sera donc suspendu pour la demi-finale contre le Congo ; mercredi 7 février 2024 à Ebimpé. Mais qui, qui peut honnêtement lui en vouloir ? Personne, surtout pas toi.

LA CÔTE D’IVOIRE S’OFFRE LE SECOND MIRACLE IVOIRIEN FACE AU MALI

Quant aux maliens qui se sont rués vers l’arbitre, ceux qui pleurent sur les réseaux sociaux, criant au vol, ils ne peuvent que s’en prendre à eux-mêmes. Ils ont arrêté de jouer, après avoir ouvert le score… comme contre le Sénégal.



Alors que : « Découragement n’est pas ivoirien ! » Et que Dieu lui le soit… ivoirien.



Un peu moins de 24 heures plus tard, deux cafés dans le sang, une voix à peine retrouvée, tu ignores encore comment la Côte d’Ivoire a réalisé ce second miracle ivoirien. Il n’y a que Simon Adingra qui semble avoir une explication plausible : « […] On est déjà mort. On ne peut pas mourir deux fois, tu vois ? […] »




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