« C’est Côte d’Ivoire seule qui peut faire ça ! Côte d’Ivoire, seule ! », hurle ce jeune supporter face littéralement collé contre la caméra. Et il a de quoi crier puisque quelques minutes auparavant, la Côte d’Ivoire est descendue en coup du marteau sur le Sénégal ; avec cette victoire aux tirs au but au bout de la nuit : 5 à 4. Puis, ce fan ivoirien continue sur la lancée, énumère ces joueurs au-dessus desquels Kessié est. Pedri, Iniesta, etc.
Et de lâcher une dernière bombe : « Eh Dieu ! Quand on vous dit Dieu est ivoirien, vous pensez que c’est amusement ? Vous pensez c’est amusement ? »
Non, bien au contraire. Ils sont nombreux ceux qui comme ce jeune homme pensent que derrière ce parcours miraculeux de la Côte d’Ivoire qui affronte le Mali voisin à 17 heures : « Il y a Dieu dedans ! » Explications.
LA CÔTE D’IVOIRE SE QUALIFIE, Y A DIEU DEDANS FORCÉMENT
Dans un pays où chrétiens et musulmans vivent en paix et en harmonie, à tel point qu’il est absolument ridicule d’avoir pensé que la crise post-électorale était un conflit interreligieux alors qu’il s’agissait d’attaques de rebelles, repliés pour la plupart à Bouaké où se déroule le match, la religion est cœur du jeu.
Très souvent dans les travées des stades, quand ce n’est pas derrière leur écran plat, il n’est pas rare de contempler/voir/regarder ces fanatiques prier, implorer leur Dieu de miséricordes. Celui qui aurait permis à la Côte d’Ivoire de se qualifier grâce au pays frère : le Maroc.
Ce 24 janvier-là, il y Zambie – Maroc ; match du groupe F comptant pour du beurre ou presque sauf pour la Côte d’Ivoire. Après sa débâcle face à la Guinée Équatoriale, et ces émeutes post match, la Côte d’Ivoire n’a plus son destin entre les mains. Et il faut un concours de circonstances pour qu’elle accède au second tour de sa CAN de l’hospitalité.
Face à un adversaire qui les a privés du titre continental en 2012, inutile de préciser que les Ivoiriens soutiennent le Maroc. Et ce dernier le leur rend bien puisqu’il les qualifie grâce à une victoire : 1 à 0 ; but du coéquipier de Wilfried « Qui a mis huile sur riz de » Zaha : Hakim Ziyech.
Tout le monde ou presque y voit alors la main de Dieu, pas celle de Maradona, la vraie. À commencer par le journaliste sportif vedette : Malick Traoré.
SÉNÉGAL – CÔTE D’IVOIRE OU DAVID CONTRE GOLIATH
Le soir même, dans les rues d’Abidjan et d’ailleurs, beaucoup reprennent leur souffle, retrouvent le sourire en pensant à toute cette marchandise qu’ils vont pouvoir de nouveau écouler.
Les plus audacieux pensent même que la Côte d’Ivoire va battre le Sénégal pourtant hyper-favoris. Mais il était écrit quelque part que les premiers seraient les derniers, que les Ivoiriens battraient le Sénégal. Et qui d’autre que Franck Kessié, critiqué, mis sur le banc, puis entré en cours du jeu, pouvait donner la victoire aux Éléphants ? Qui d’autre que celui qui avait été moqué avant de voir son honneur restaurer, son short remonter, son blason redorer ? Il y a Dieu dedans. Et depuis, tout le pays est sur la Planète Kessié.
Certes, le retour en grâce de ce Sénégal – Côte d’Ivoire est une belle/magnifique/superbe image mais la plus belle est certainement, cet attroupement, ce collectif de joueurs et dirigeants, toutes confessions religieuses confondues, qui pointent les doigts vers le ciel pour montrer que dans tout ce qu'ils ont fait : « Il y a Dieu dedans ! »
EN ROUTE POUR LE STADE DE LA PAIX
La victoire au bout du bout des matchs de poule, la victoire au terme d’une stressante séance de tirs au but, le troisième acte de la Cour des Miracles aura lieu dans le stade de la Paix de Bouaké ; aux 40 000 places.
Des années après avoir fui les affrontements, que cette ville du centre de la Côte d’Ivoire soit devenue capitale de la rébellion, puis que le 4 juin 2007, proposée par un certain Didier Drogba, la rencontre Côte d’Ivoire – Madagascar, remportée 5 à 0 par la Séléphanto, ait eu lieu, des ivoiriens y retournent en masse. Comme si le pays les, nous appelle. Les larmes.
Alors qu’importe si des trouble-fêtes, des pisse-froid, des pisse-vinaigre déplacent les récentes tensions politiques, et ces 49 militaires ivoiriens détenus au Mali avant d'être graciés, sur le terrain, ravivent une certaine animosité au point où l’ambassade de Côte d’Ivoire aurait demandé à ses ressortissants de faire attention.
Qu’importe, tout ceci. Parce que pour des Ivoiriens, dans cette CAN 2023, la CAN de l’hospitalité devenue depuis CAN de l’humilité : « Il y a Dieu dedans ! » La justice de Dieu, il y en a.
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